Depuis deux semaines que nous n’avons pas écrit, nous avons vécu des expériences bien différentes. Nous prenons le temps de découvrir la culture bolivienne, et elle ne nous déçoit pas…les innombrables stands culinaires sur le marché nous font de l’œil et nous retiennent prisonniers des jolies villes coloniales.
En tout, 354 kilomètres, 5 jours de bicyclette, le reste de visites et de préparation du clou de l’étape : deux ateliers dessin sur les hauteurs « sucré-iennes »
En tout, 354 kilomètres, 5 jours de bicyclette, le reste de visites et de préparation du clou de l’étape : deux ateliers dessin sur les hauteurs « sucré-iennes »
Commençons par un petit retour en arrière. Nous nous étions quittés à Uyuni, et, en bons touristes, nous nous sommes laissés séduire par un p’tit coup de 4x4 dans le Salar (désert de sel) éponyme. Nos montures, punies, ne seront malheureusement pas les témoins de cette immensité blanche. Ce n’est pas faute d’avoir voulu partager ces beaux paysages avec elles…néanmoins, saison des pluies et haute salinité obligent, nous devons y renoncer au risque d’endommager fortement nos bécanes.
Cela ne nous empêche pas de passer une bonne partie de la journée songeurs devant ce vide à perte de vue, et, surtout, devant El Espejo, là où seule une fine couche d’eau subsiste sur le Salar, révélant un miroir (espejo) grandiose sous nos pieds… c’est comme si nous marchions sur une carte postale Photoshopée !
En bons touristes (encore !), l’appareil photo – que dis-je ? nous l’avons cédé/perdu/cassé il y a bien longtemps… le téléphone donc – ne nous a fait l’honneur de sa présence que quelques minutes, avant que sa batterie ne périclite. A peine le temps pour nous de s’essayer aux célèbres ‘photos perspective’ !
Cela ne nous empêche pas de passer une bonne partie de la journée songeurs devant ce vide à perte de vue, et, surtout, devant El Espejo, là où seule une fine couche d’eau subsiste sur le Salar, révélant un miroir (espejo) grandiose sous nos pieds… c’est comme si nous marchions sur une carte postale Photoshopée !
En bons touristes (encore !), l’appareil photo – que dis-je ? nous l’avons cédé/perdu/cassé il y a bien longtemps… le téléphone donc – ne nous a fait l’honneur de sa présence que quelques minutes, avant que sa batterie ne périclite. A peine le temps pour nous de s’essayer aux célèbres ‘photos perspective’ !
Un petit coup de brosse à dents plus tard (pour les non-initiés aux techniques subtiles des cyclo-voyageurs, nos vieilles brosses à dents sont recyclées comme « gants de toilette à vélo » !) nos vélos sont prêts à reprendre la route…asphaltée !! Et comme la Bolivie ne fait rien à moitié, c’est sur une route sans rature que nous filons jusqu’à Potosi.
Sans rature mais sacrément creusée ! Comme le résume fort bien un aimable bolivien : « es pura subida, pura bajada, pura subida, pura bajada, …» (littéralement« prenez garde, vagabonds, la route est en dents de scie ! »).
Sans rature mais sacrément creusée ! Comme le résume fort bien un aimable bolivien : « es pura subida, pura bajada, pura subida, pura bajada, …» (littéralement« prenez garde, vagabonds, la route est en dents de scie ! »).
Nous pédalons entre lamas, cactus et charmants villages aux toits de chaume. Génial ! Mais, comme il faut toujours qu’il y ait un léger hic, la météo capricieuse est également de la partie… nous roulons une bonne partie du temps sous la pluie, et parfois sous une charmante averse de grêlons. S’il vous est arrivé de rouler à vélo tout en subissant une séance d’acupuncture dans un cabinet sur-climatisé, alors vous savez ce que c’est de se faire accueillir à coups de grêle dans une vallée bolivienne… ça fait mal et ça fait froid !!
Une dernière nuit dans le ‘quatre murs sans toit’ de Edin, et nous voici à Potosi, ville minière perchée à 4000 mètres.
Il faut savoir que la Bolivie a une culture de la nourriture de rue bien plus développée que les autres pays par lesquels nous sommes passés. Ajoutez à cela un fort pouvoir d’achat, et vous comprendrez aisément que nous ne nous ennuyons pas dans les villes boliviennes ! Nous nous baladons, en fins limiers, de stand en stand à la recherche de la pépite culinaire. Notre lieu de chasse de prédilection : le marché central ! Aussi simple que cette chasse vous paraisse, nous vous garantissons qu’elle n’est pas sans périls… c’est le carnaval en Bolivie… pour arriver au Graal, il nous faut donc esquiver (voire encaisser pour les plus lents) moult bombes à eaux et fanfares en furie !
Et, comme la chasse n’est pas toujours bonne, nous pouvons compter sur l’anniversaire d’Adrien pour satisfaire nos appétits touristico-gastronomiques. Pour l’occasion, nous organisons un petit jeu de piste qui mènera le protagoniste en lieu sûr : en ce soir spécial, nous dégustons un bon vin, une bonne viande et, surtout, une soupe « sur le volcan » (à savoir, une soupe au maïs dont la cuisson s’achève dans l’assiette grâce à une pierre volcanique bouillante… !)
Potosi est célèbre pour la montagne de minerai d’argent qui la surplombe : le Cerro Rico. Son exploitation au 16ème et au 17ème siècles a fait de l’Espagne la couronne la plus riche d’Europe, et de Potosi la ville la plus peuplée du continent. Aujourd’hui, 15 000 mineurs s’échinent à en sortir les restes : du zinc, du plomb, de l’étain et un peu d’argent. Symbole de la déchéance : le sommet du Cerro Rico s’est effondré, miné par les trop nombreuses galeries. La visite de ce qui a fait la renommée de cette ville s’impose donc : ni une, ni deux, nous mettons nos combinaisons et nous descendons dans la Negra…C’est l’occasion d’échanger avec les mineurs en plein travail : la bouche chargée de coca, ils passent 7h à extraire à la pelle le précieux minerai.
« Bon, c’est pas tout, mais va falloir pédaler… » En route vers Sucre ! Nous y mettons le cap avec plaisir, puisque nous imaginons que son altitude moindre (2750m) nous réconciliera avec la météo.
L’asphalte est toujours bon, le soleil quasi ponctuel : ouf ! Nous avalons le dénivelé à tendance descendante avec grand plaisir.
L’asphalte est toujours bon, le soleil quasi ponctuel : ouf ! Nous avalons le dénivelé à tendance descendante avec grand plaisir.
Nous arrivons à Sucre, ville coloniale patrimoine de l’humanité de l’UNESCO, sous les feux du carnaval. Les pick-ups sont redoutables car remplis d’enfants armés. Les rues sont truffées d’embuches. Il est difficile de mettre un pied dehors sans être choisi pour cible. Ici, les armes tant redoutées sont des pistolets à eau, des ballons de baudruche remplis d’eau, ou tout simplement des seaux d’eau !
La ville est en ébullition, tout le monde y va de son offrande à Pachamama (Terre mère), les fanfares de quartier défilent, et nous, pauvres gringos, nous jetons notre dévolu sur les bouis-bouis du coin : buñuelos, picante al pollo, empanadas, sopa de maní, pollo al spiedo, tout y passe !
La ville est en ébullition, tout le monde y va de son offrande à Pachamama (Terre mère), les fanfares de quartier défilent, et nous, pauvres gringos, nous jetons notre dévolu sur les bouis-bouis du coin : buñuelos, picante al pollo, empanadas, sopa de maní, pollo al spiedo, tout y passe !
Mais à Sucre, nous y sommes surtout pour « dessiner un pays ». L’association CEMVA (Centro Educativo Multifuncional Villa Armonia) nous reçoit dans les quartiers nord de Sucre. Depuis une quinzaine d’années, cette ONG travaille pour favoriser l’intégration des populations rurales arrivant en ville. Son action touche toutes les générations : de la petite enfance (garderie) jusqu’aux femmes adultes (formations) en passant par les enfants (cantine et aide aux devoirs) et les adolescents (formation professionnelle).
Nous rencontrons les enfants dans le comedor escolar (cantine de quartier), et chacun à une table nous engageons des conversations plus ou moins philosophiques avec les dessinateurs-en-herbe. Les garçons sont timides, les filles pipelettes.
Nous rencontrons les enfants dans le comedor escolar (cantine de quartier), et chacun à une table nous engageons des conversations plus ou moins philosophiques avec les dessinateurs-en-herbe. Les garçons sont timides, les filles pipelettes.
Après le déjeuner, nous investissons la cantine pour l’atelier dessin. C’est toujours un plaisir de partager avec les enfants ; ils sont curieux, directs, tactiles, et rieurs. Au début, nous ne savons pas bien sur quel pied danser, heureusement que nous pouvons compter sur eux pour nous jeter dans le bain !
L’ambiance est bon enfant, nous passons de table en table, prenons le crayon pour montrer l’exemple, et répondons avec plaisir à leur assaut de questions.
L’ambiance est bon enfant, nous passons de table en table, prenons le crayon pour montrer l’exemple, et répondons avec plaisir à leur assaut de questions.
Le lendemain, nous avons la chance de remettre ça. Notre second repas à la cantine est l’occasion de constater que les enfants ont bien écouté pendant notre brève introduction de la France. Ils sont notamment très intrigués par l’alimentation des français :
« - C’est vrai que vous mangez des grenouilles ?
- Oui
- Argh…. Et du poulet ?
- Oui
- Et du riz ?
- Aussi
- Et de l’éléphant ?
- Ah, ça non… »
L’après-midi, ce n’est plus dans la cantine mais dans une véritable salle de classe que nous intervenons. L’effectif est doublé, ce n’est plus 15 mais 30 enfants qui participent à l’atelier. Ils sont nombreux mais ils sont géniaux ; dès le très solennel « buennnnaaas tardes » au garde-à-vous, nous comprenons que nous allons partager un beau moment. Nous avions prévu 1h, mais nous ne voyons pas passer les 2 heures ensemble.
« - C’est vrai que vous mangez des grenouilles ?
- Oui
- Argh…. Et du poulet ?
- Oui
- Et du riz ?
- Aussi
- Et de l’éléphant ?
- Ah, ça non… »
L’après-midi, ce n’est plus dans la cantine mais dans une véritable salle de classe que nous intervenons. L’effectif est doublé, ce n’est plus 15 mais 30 enfants qui participent à l’atelier. Ils sont nombreux mais ils sont géniaux ; dès le très solennel « buennnnaaas tardes » au garde-à-vous, nous comprenons que nous allons partager un beau moment. Nous avions prévu 1h, mais nous ne voyons pas passer les 2 heures ensemble.
Nous saluons l’excellent travail de CEMVA. Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à consulter leur site internet ou à les contacter par mail ([email protected]) : ils sont à la recherche de volontaires et de parrains pour les enfants. C’est avec plaisir que nous ferons les intermédiaires pour les non-hispanophones !
Ces deux ateliers sont une belle manière de se dire au revoir. Ce jeudi à l’école était notre dernier jour tous les quatre, après plus de 5 mois à se supporter. Ces 5 mois, nous les avions commencés à Rio de Janeiro, par un atelier dessin du même acabit. La boucle est bouclée ; et elle continue.
Tandis que Goulven et Pierre mettent le cap vers Santa Cruz de la Sierra pour embarquer pour la France, Adrien et Romain poursuivent l’aventure et le projet pédagogique au Pérou !
Tandis que Goulven et Pierre mettent le cap vers Santa Cruz de la Sierra pour embarquer pour la France, Adrien et Romain poursuivent l’aventure et le projet pédagogique au Pérou !
PS (1) : comme d'habitude, encore plus de photos sur la galerie photo !
PS (2) : pour voir les dessins des enfants, rendez-vous dans l'onglet Junior (dessins en ligne à la prochaine connexion internet décente... en revanche, les photos de l'intervention sont déjà disponibles par ici !)
PS (2) : pour voir les dessins des enfants, rendez-vous dans l'onglet Junior (dessins en ligne à la prochaine connexion internet décente... en revanche, les photos de l'intervention sont déjà disponibles par ici !)