Samedi 7 mars à 7h, le réveil sonne : cette fois c’est décidé, il faut y aller ! Nous avons donné rendez-vous dans 10 jours aux enfants du village péruvien de Matalaque, nous ne pouvons plus reculer. Nous avons d’autant plus de mal à nous arracher de la casa de Ciclista que nous appréhendons la sortie de la Paz, ses 600m. de dénivelé positif sur 10 kilomètres et ses embouteillages monumentaux. Finalement, pas de quoi se mettre la rate au court-bouillon : en 2h c’est plié et on respire de nouveau l’air pur de l’altiplano bolivien.
À mesure qu’on s’approche du lac, les villages se multiplient et le sol devient plus humide si bien que ce soir-là on dormira dans une caserne militaire. C’est avec une grande fierté que nous pourrons dire que nous avons côtoyé la Marine bolivienne ! Marine de la Bolivie, qui réclame encore et toujours un accès à la mer… A mesure qu’on s’approche du lac, les villages se multiplient et le sol devient plus humide si bien que ce soir-là on dormira dans une caserne militaire. C’est avec une grande fierté que nous pourrons dire que nous avons côtoyé la Marine bolivienne ! Marine de la Bolivie, qui réclame encore et toujours un accès à la mer…
* : Le chuño est une spécialité des Andes centrales, il s’agit d’une pomme de terre déshydratée par cycle d’exposition au soleil et au gel ; cela permet de conserver plus longtemps le tubercule.Ca donne aux patates une couleur noire et un goût de champignon.
La vallée perdue
Au niveau de Puno, nous quittons les rives ensoleillées du Lac Titicaca pour nous enfoncer dans les montagnes. Nous avançons bien, l’asphalte est bon et on se dit qu’on arrivera surement à Matalaque avec 3 jours d’avance.
Puis l’asphalte disparait à la sortie de la petite ville de Mañazo, et c’est ce moment-là que choisit la piste pour devenir plus pentue...
Ça ne fait rien, on avancera doucement, mais sûrement ! Et cette fois, c’est le dieu péruvien des panneaux de signalisation qui se marre car nous nous retrouvons soudain complètement perdus : le GPS du téléphone est formel, le petit point bleu qui nous représente a depuis longtemps quitté la route et autour de nous c’est Terra Incognita… On décide de continuer sur la même route en espérant qu’elle ne mène pas à un cul de sac. Grand bien nous en a pris car, après un col à 4500 m., c’est ainsi qu’on débouche sur la vallée de Yunga…
Yunga est un petit village que nous atteignons après 3h seulement de route en quittant Ichuña. Nous nous arrêtons un instant sur les marches de l’église pour grignoter un petit goûter de 11h lorsque des villageois nous rejoignent. Cette fois ils nous le disent : à part un belge qui était venu 15 jours faire de la prospection de plantes, nous sommes les premiers touristes qui parviennent jusqu’à chez eux. Et nous arrivons le bon jour : ce soir c’est l’élection de Miss Yunga ! Ils nous pressent de rester, et nous ouvrent même une salle avec des lits douillets. Au diable le vélo, ce soir ce sera donc concours de beauté !
Elles monteront sur scène à plusieurs reprise dans la soirée : pour se présenter, se montrer en « tenue de sport » (comprenez legging et débardeur moulants et talons haut), faire valoir un talent particulier, etc. Entre chaque apparition, des habitants du village viennent sur scène chanter, danser, réciter des poésies ou faire des sketchs. On passe un excellent moment, surtout lors d’un fabuleux « play back » de l’ami Edwin sur du hard rock Quechua ("Chachaschay" du groupe Uchpa)! Et à la fin c’est la miss avec le plus beau sourire qui gagne, on est ravis !
Le lendemain, 8h30 : nous sommes dans le bureau du directeur de l’école de Matalaque. « Vamos a planificar » comme on dit ici. Nous passerons deux jours en compagnie des 17 enfants de primaire. Ils ont entre 6 et 12 ans. Le premier jour sera consacré aux dessins ; pour le second nous sommes chargés de prévoir des activités éducatives. Tout se déroule comme sur des vélos à roulette ! Les enfants sont sages et appliqués, et nous récoltons très vite de superbes dessins.
Le dernier soir, nous avions prévenu le restaurant que nous voulions goûter le Cuy (se prononce « couille » en español), de gros cochons d’inde péruviens. Notre hôte en élève une cinquantaine dans son jardin et nous étions intrigués. Le Cuy est un plat de luxe au Pérou: il coûte au moins 5 fois plus cher qu’un plat normal …. Panne d’électricité oblige, on mangera nos Cuys à la lumière des chandelles : attention romance !
L’assiette arrive alors avec son Cuy pané. Ça fait un petit choc de voir l’animal entier, sur le dos, les quatre fers en l’air comme s’il se dorait la pilule. On a une petite pensée pour le cochon d’inde de notre enfance qui gloussait dans sa cage, puis on saisit le Cuy à pleine main, comme on nous a montré, et on mord sauvagement dedans ! C’est bon, plein de petits os comme le Lapin, mais la viande est plus claire ; on nous affirme qu'il ne faut pas hésiter à manger des Cuy, leur viande est la plus nutritive qui soit !
Après un bon petit déjeuner à base de riz, de frites, d’oignon et de porc sauté, on se lance donc à l’assaut une nouvelle fois des Andes, direction Arequipa ! On mettra la journée à monter jusqu’au col. La route est si mauvaise que l’on doit pousser à plusieurs reprises le vélo. Un épais brouillard nous enveloppe en début d’après-midi et nous trempe jusqu’aux os. Enfin, au fur et à mesure que l’on monte la température baisse drastiquement. C’est donc fatigués, mouillés et transis de froid qu’on monte la tente ce soir-là, mais avec le sentiment du devoir bien accompli.
PS 2 : Un petit message pour Pierre et Goulven, qui nous ont quittés trop tôt. "Voyager sans vous c'est comme faire du vélo à une roue : on sent qu'on a plus la classe, mais au bout d'un moment ça fatigue..." Revenez !
PS 3 : pour les vaillants qui ont réussi à finir cet article décidement trop long, une récompense ci-dessous !