Mais nous allons un peu vite en besogne : reprenons où nous vous avions laissé, á 876 km de lá, au cœur de l’ancien empire Inca, el Cuzco !
Cuzco est une ville superbe et nous y avons passé trois belles journées, l’occasion de se plonger pour la première fois dans la culture Inca et de faire le plein de calories.
Le moment "La Marche de l’Histoire"
Un petit tour au musée de la Casa Concha est une belle entrée en matière. On parle des Incas par-ci, des Incas par-là, mais saviez-vous que le règne de ce peuple s’étend sur moins d’un siècle, de 1438 à 1532 ? L’histoire du Pérou est donc loin de se résumer aux Incas : Chavin, Tiwanaku, Moche, Nazca, autant de civilisations qui se sont succédées ou côtoyées sur l’actuel territoire péruvien. Une fois cela dit, à Cuzco c’est bien les Incas qu’il convient d’étudier puisqu’on se trouve dans l’ancienne capitale de leur empire…
L’Histoire retiendra les Incas car ils étaient au pouvoir lorsque les Espagnols débarquèrent en 1527. Ce peuple de montagnards, à l’origine incertaine, règne alors sur un vaste empire qui s’étend du sud de la Colombie jusqu’au milieu du Chili actuel. L’empire est desservi par un immense réseau routier de 11 000 kilomètres, que les Incas, et les peuples sous leur domination, empruntaient… à pied, car ils ne connaissaient ni la roue, ni les animaux de monte ! Le principal héritage des Incas ce sont ces fabuleuses constructions de gigantesques pierres monolithiques, ajustées au millimètre près, perchées parfois le long de falaises abruptes, et capable de résister aux pires tremblements de terre.
Mais Cuzco, c’est aussi l’occasion de visiter son ChocoMuseo et de participer à un atelier de confection de chocolat ! Eh oui, le Pérou est le premier exportateur de Cacao Biologique au monde ! Pour les besoins de l’article, on a donc revêtu notre tablier et on a ouvert nous-même la fève de cacao, histoire de voir de plus près.
Rapidement, il y a sept étapes dans la confection du chocolat une fois les graines de cacao extraites de leur cabosse :
Les visites de musée achevées, le chocolat dévoré, le vélo d’Adrien réparé (un nouveau pédalier, trois nouveau plateaux et une cassette neuve !), on n’a plus d’excuse, il faut y aller : direction la vallée sacrée des Incas !
Le programme des 10 jours qui nous attendent est assez light niveau bicyclette, le vélo nous servira surtout à aller de site archéologique en site archéologique. Dans l’ordre : Pisac, Ollantaytambo, Machu-Pïchu et Choquequirao. « À l’assaut » comme disait Pizarro…
30 kilomètres à peine après être sorti de Cuzco, nous atteignons les ruines de Pisac. Ancienne forteresse Inca, le site est loin de se résumer à une simple caserne : on y trouve un tunnel, des tours de défense, un superbe temple, des bains liturgiques et un impressionnant cimetière Inca. Ce dernier, qu’on peut observer de loin, ressemble à une grande cité troglodyte creusé à même le flanc de la montagne. .
Le lendemain, 50 kilomètres plus loin, nous atteignons la ville d’Ollantaytambo. Rebelotte : une aprem’ à crapahuter dans les ruines. Cette fois, les immenses pierres monolithiques à la découpe si étrange sont de la partie ! On sourit en se disant que les Incas avaient inventé Tetris avant l’heure. Puis quand on nous dit que la carrière dont sont extraits les blocs se trouve à 6 kilomètres, de l’autre côté de la vallée, et que certains blocs pèsent jusqu’à 50 tonnes, on est franchement estomaqué ! Aujourd’hui encore les théories sont nombreuses sur les techniques utilisées par les Incas pour transporter ces gros cailloux ! Utilisaient-ils des rampes ? Faisaient-ils tirer les blocs par des lamas ou bien par des hommes ? Avaient-ils créé un vaste réseau de salle de gym à travers tout le pays pour former des « Super Incas » ? Quand c’est comme ça, il faut demander à Fred ! Cliquer ici. .
D’Ollantaytambo, nous avons réussi l’exploit de rallier le Machu-Pichu pour moins d’1€ ! Et sans les bicyclettes bien sûr car aucune route ne mène au site. Si on se contente de lire le Routard ou le LonelyPlanet, deux options s’offre à vous pour se rendre à Agua Calientes, petit village duquel on grimpe jusqu’aux ruines : prendre le train, très confortable mais très (très trèstrès) cher ou prendre un bus jusqu’à Hidroélectrica, pour environ 12€, et de là marcher le long de la voie de chemin de fer (2h environ) jusqu’à AC. Nous avons découvert une troisième voie : le « kilomètre 82 » !
Le kilomètre 82 désigne l’endroit où la route venant d’Ollantaytambo se termine et rejoint le kilomètre 82 du chemin de fer qui va jusqu’à Agua Calientes. Vous pouvez vous faire déposer à ce point précis par un micro (minibus) moyennant 3 soles. Et de là, marcher le long des rails : mieux vaut partir tôt, car ce sont 28 kilomètres de descente dans la jungle qui vous attendent ! La rando vaut franchement le coup d’œil : au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans la vallée la végétation se fait plus dense, jusqu’à devenir presque étouffante, la rivière Urubamba jette ses eaux déchainées contre les flancs de la montagne et lorsque vous tendez l’oreille la selva bruisse de mille bruits…
Ce site-là, situé à une centaine de kilomètre de Cuzco, a quelque chose de spécial : il se mérite ! Pour le visiter, il faut marcher deux jours entiers d’un bon pas, descendre au fond de la vallée de l’Apurimac pour en franchir le fleuve éponyme, remonter de 1600 m. sur un sentier raide, tout en portant sa ration de nourriture sur son dos et en bravant les affreux petits moustiques qui vous assaillent de toutes parts. Autant dire qu’il y a nettement moins de touristes qu’au MachuPichu !
En quittant Cuzco, nous savons que nous entamons la dernière étape de Rueda Libre. Et surement pas la plus aisée ! Fini les grands plateaux de l’Altiplano, ici les Andes sombrent dans un chaos de vallées profondes et de piques abrupts ! La route devient folle : elle vous fait monter à 4000 mètre d’altitude, puisvous entraine à 1900 m. pour passer un cours d’eau ridicule avant de vous obliger à remonter sans répit jusqu’à 4000 de nouveau… Caramba !
La Belle et la bête
C’est dans cet environnement digne d’un conte de Perrault que va naitre l’incroyable romance d’une nuit entre un homme… et une chienne.
Princesse, car telle est son nom, est venu nous trouver alors que nous campions à une centaine de mètre de la route, à l’abri des eucalyptus. Romain, dérangé par des maux de ventre à l’origine obscure (mais à l’issue beaucoup plus claire) gardait la tente ce soir-là, sans manger. Adrien était donc seul face à son plat froid de spaghettis à l’huile d’olive (pour changer), le dos adossé à un arbre, pensif et légèrement triste pour son compagnon de route, lorsqu’il aperçoit soudain deux éclats dorés dans les ténèbres de la nuit. L’instant de stupeur passé, Adrien, dont le cœur est bon et grand, tend la main à la bête toujours campée dans l’obscurité. Face à ce geste amical, l’intelligent animal se rapproche bientôt jusqu’à entrer dans le rayon de la lampe frontale de notre héros. C’est une belle chienne adulte, de taille moyenne, type fox terrier, dont la robe est tachetée de brun, de noir et de blanc. D’abord méfiante, elle observe avec circonspection l’étrange individu qui se tient devant elle. Il est enveloppé de vêtements sombres, qu’éclaircissent çà et là des tâches de terre fraiche. Ce qui doit être la tête est surmontée d’un étrange bonnet gris et noir. Celui-ci se termine sur le bas par deux larges oreilles desquelles pendent des pompons qu’on a envie de mordiller. Entre les pompons, il y a un visagemarqué par le soleil brûlant et en partie couvert de quelques poils ridicules. Au milieu de ce visage, deux yeux d’un vert éclatant, comme l’eau des rivières sous l’éclat de la lumière. Le regard est engageant, mais l’odeur qui se dégage de sa personne est forte et acide. Méfiance. Mais… il a dans ses mains une gamelle ! Remplie de nourriture c’est certain. Il ne s’agit pas de viande, mais ça vaut le coup de goûter !
La main d’Adrien arrête alors la chienne d’une caresse et, par ce premier contact, nait un lien profond qui unira ces deux enfants de mère Nature dont la seule différence réside finalement dans le nombre de poils au m² de peau.
Ce soir, on oublie donc ces affreux cabots qui courent après nos sacoches les crocs à découvert. C’est la réconciliation, la paix. Princesse, faute de goûter au plat du nouveau maître, se repait de caresses et Adrien laisse déborder une tendresse que des préjugés machistes l’obligent à contenir depuis 7 mois en compagnie des mâles de son espèce.
La tendre romance prendra fin brutalement le lendemain, lorsque Princesse mettra un grand coup de langue dans l’assiette de flocons d’avoine de Romain. Ah fulgurante passion !
Nous avions prévu au départ de nous rendre à Ayacucho, mais face au caprice du relief, on décide au moment de rejoindre Abancay de bifurquer au Sud-Ouest pour la ville de Nazca. Ce sera l’occasion de revoir une dernière fois le désert !
Nous ne regrettons pas notre choix. Il y a bien toujours un peu de dénivelé, mais les pentes sont beaucoup plus douces ! Puis, à 4000m., nous retrouvons nos pampas rases où s’épanouissent les vigognes et les viscachas, des sortes de petits lapins gris aux oreilles courtes et à longue queue. Quel bonheur !
Nazca : la terre vue d’une selle
Nazca est connue pour ses gigantesque géoglyphes tracées dans le désert il y a plusieurs milliers d’années. Ce sont des singes, des oiseaux, des mains, des formes géométriques ou encore de simples lignes droites longues de plusieurs kilomètres, qui ont été ainsi dessinées au sol et dont la signification reste entièrement cachée. Pour mieux se rendre compte, la meilleure option est de prendre un petit avion et de voir cela du ciel. De notre côté, radins que nous sommes, nous nous sommes contenté de traverser cette zone à vélo. Sur la route, deux miradors permettent d’apprécier certains de ces dessins, et, même de si peu haut, ça impressionne : le désert est rayé de toutes parts, avec une méthode et une rigueur dont seul l’homme est capable, et cela pourtant sur des kilomètres et des kilomètres, au milieu de nulle part !
A cela il faut ajouter les déboires de notre tente adorée : on (Romain) a cassé un arceau en la démontant le matin, ce qui lui donne un petit look « Musée Guggheneim de Bilbao ». Faut aimer.
Bref, c’est pas la meilleure soirée qu’on ait passée, mais c’est la dernière, et on la savoure en tant que telle alors que le soleil teinte l’horizon de rose en se couchant…