Nous voici au Chili ! Mais pas sans avoir profité du côté argentin de la Patagonie, cette région mythique qui nous gâte… En fait, peu importent les frontières nationales, ici nous roulons le long du « Campo de Hielo Patagonico Sur » : c’est le troisième champ de glace le plus étendu du monde après l’Antarctique et le Groenland !! Il commence au sud du Chili puis passe par l’Argentine et revient au Chili (en blanc sur la vue satellite ci-dessous !).
Nous avons roulé 790 kilomètres en Patagonie, et, pour les amateurs de chiffre, nous vous joignons une jolie courbe de dénivelé :
Pour arriver ici, nous avons (un peu) triché…oui, nous avons pris le bus.
Traverser l’Argentine du nord au sud n’est pas une mince affaire, même en bus. Nos vélos précautionneusement envoyés par camion, nous sautons dans deux bus ‘semi-cama’ (demi-lit) équipés de nos mille et une sacoches. Celles-ci perdent toute leur praticité sans leur fidèle monture… Nous nous retrouvons à transporter des énormes amas de sacs, et après quelques retards et imprévus, nous arrivons dans la petite ville d’El Calafate. Ouf, les vélos nous attendent sagement au pied du bus !
Là bas, nous sommes accueillis par la formidable famille de Fernanda : Sergio, Victoria, Franco et Emilia. Trouver de la place pour 5 français (Brune nous a rejoint à Buenos Aires) dans leur petite maison ne semble pas un problème, et nous partageons d’excellents moments avec eux. Muchas gracias a ellos !!
Fernanda est guide et professeur de français. Elle connaît la région comme sa poche, et nous conseille une belle boucle à vélo. Ni une ni deux, nous faisons de grosses provisions, louons un vélo pour notre 5e membre d’équipage, et nous partons à l’assaut du vent et des glaciers.
Première étape : le glacier Perito Moreno (à ne pas confondre avec la ville de Perito Moreno, ou avec le parc national Perito Moreno). Minute histoire : mais en fait, qui c’est ce Perito Moreno ?? ‘Perito’ est un titre scientifique qui signifie ‘expert’. Et, Francisco Pascacio Moreno est un naturaliste et explorateur argentin qui a participé aux premiers travaux de reconnaissance faunistique et floristique en Patagonie du Sud, au XIXe siècle. Il est célèbre pour ses travaux anthropologiques sur les indigènes patagones, les indiens Tehuelche, ainsi que pour ses contributions au tracé de la frontière argentino-chilienne dans cette région disputée par les deux nations.
Nous mettrons deux jours à atteindre le glacier, et malgré le vent de face, nous sommes enchantés par la route : nous sommes en permanence entourés de sommets enneigés et de chevaux au galop. Les 30 derniers kilomètres sont d’autant plus excitants que nous découvrons à chaque virage de plus en plus de quoi a l’air ce célèbre glacier.
Nous mettrons deux jours à atteindre le glacier, et malgré le vent de face, nous sommes enchantés par la route : nous sommes en permanence entourés de sommets enneigés et de chevaux au galop. Les 30 derniers kilomètres sont d’autant plus excitants que nous découvrons à chaque virage de plus en plus de quoi a l’air ce célèbre glacier.
Nous savons que nous sommes arrivés lorsque nous entendons enfin les détonations que provoquent les éboulements de glace. Nous en restons bouche bée. La glace semble d’une telle pureté…les morceaux qui s’en détachent sont gigantesques...et l’ensemble du glacier a une posture imposante : 257 kilomètres carrés de glace en perpétuel mouvement, c’est quelque chose d’inouï ! Le Glacier Perito Moreno avance sur le lac de 2 mètres par jour ! Si bien que tous les 2 ans, après avoir atteint le rivage, il s’effondre en grandes pompes sous la pression des eaux emprisonnées…et rebelote.
Nous ne rentrons pas directement à El Calafate, et faisons un détour par le Lago Roca. En route, nous rencontrons un cyclotouriste français : John. Nos tentes de marque MSR sont heureuses de trouver une nouvelle copine ; et nous autres sommes contents de partager de bons moments avec ce breton parti d’Ushuaïa un mois plus tôt. Nous décidons de faire un bout de route (ou plutôt de ripio, comme disent les locaux) ensemble !
Fatigués des vibrations incessantes de la piste, nous descendons de nos montures et exerçons des muscles endormis depuis trop longtemps : nous grimpons à 1340 mètres d’altitude pour profiter d’une vue sur toute la région, et même sur les cimes du parc national chilien de Torres del Paine. La pente est raide, le vent violent, mais le jeu en vaut la chandelle.
Les premières courbatures du voyage se font sentir, nous refaisons vite chauffer nos cuisses sur les vélos, direction El Calafate au milieu de moutons et de lièvres !
Avant de reprendre la route pour le nord, la famille de Fernanda nous réserve encore un accueil généreux. Ce soir, c’est pizza/bowling à l’ancienne (un employé a la bonté de nous remettre les quilles après chaque strike retentissant et nous renvoie même les boules !) dans le bar de Sergio.
Puis, en route ! Prochain objectif : El Chaltén, la capitale nationale de la randonnée. Cette fois ci, plus de lièvres ni de moutons, mais des guanacos (sorte de lamas) et même des tatous !! C’est la steppe, il n’y a rien à des kilomètres à la ronde, et c’est génial. Nous filons plein d’entrain sur nos vélos, absorbés par les paysages environnants.
Puis, en route ! Prochain objectif : El Chaltén, la capitale nationale de la randonnée. Cette fois ci, plus de lièvres ni de moutons, mais des guanacos (sorte de lamas) et même des tatous !! C’est la steppe, il n’y a rien à des kilomètres à la ronde, et c’est génial. Nous filons plein d’entrain sur nos vélos, absorbés par les paysages environnants.
Rien à des kilomètres à la ronde, enfin presque ! Il y a un petit village pour irréductibles cyclotouristes : la Casa Rosa. La Casa Rosa, c’est, comme son nom l’indique, une maison rose, qui a la particularité d’être abandonnée et de former un refuge efficace contre le vent, pire ennemi des voyageurs à vélo. Ce lieu a donc logiquement été investi par des gringos aventureux et la tradition veut que chacun y laisse sa marque, d’où les multiples graffitis qui ornent les murs. Nous y laissons aussi notre empreinte et signons chacun de nos noms, certains avec plus de difficultés que d’autres.
Le lendemain, nous rejoignons El Chaltén, non sans peine. 120 kilomètres dont 90 avec un gros vent de face….c’est dur pour les jambes mais surtout pour le moral. Se donner à fond pour avoir l’impression de stagner, ce n’est pas facile… Et lorsque nous commençons à passer sous la barre des 11km/h, nous improvisons une pause ‘kilo de pâtes réglementaire’ à l’abri d’une estancia (ferme) pour recharger les batteries ! Tant bien que mal, nous atteignons El Chaltén à 20h : les cris de joie retentissent, youpi !
Sur cette étape, nous adoptons des rythmes de croisière différents avec notre ami John, et nos chemins se séparent donc. Pour les mordus d’aventures à deux roues, n’hésitez pas à aller faire un tour sur son blog http://johnjohnair.blogspot.fr/ (départ Ushuaia, arrivée Canada ?).
Sur cette étape, nous adoptons des rythmes de croisière différents avec notre ami John, et nos chemins se séparent donc. Pour les mordus d’aventures à deux roues, n’hésitez pas à aller faire un tour sur son blog http://johnjohnair.blogspot.fr/ (départ Ushuaia, arrivée Canada ?).
A El Chaltén, nous prenons deux jours pour aller marcher : nous voulons voir de plus près le célèbre Fitz Roy (renommé ainsi par le fameux Perito Moreno, mais originalement Cerro Chaltén, c’est-à-dire « mont dans les nuages », en langue Tehuelche). Il porte bien son nom ce sommet puisque, lorsque nous plantons le camp, nous peinons à l’apercevoir. Heureusement, il n’est pas la seule distraction ce soir là : nous consacrons une heure à construire des défenses de fortune en bois contre notre ennemi de toujours, le vent !
A l’aube, les plus courageux d’entre nous, partent plein d’espoir essayer d’admirer ce mont escarpé vierge de nuages. Et leurs efforts sont recompensés ! Une eau limpide est même là en guise de petit déjeuner, que demande le peuple ?
Vient le moment de faire nos adieux à Brune. Le club des 5 redevient les 4 fantastiques. Ceux-ci, reprennent la route vers la frontière chilienne, sous un temps froid, gris et pluvieux. Ce n’est pas la joie… Mais, la magie de la Patagonie, c’est que même dans des conditions difficiles, la route est toujours un délice visuel ! Nous en bavons moins que prévu, et nous sommes heureux de nous réchauffer autour d’un grand feu arrivés à destination (nous battons, par ailleurs, notre record de cuisson de riz ce soir là !)
Le lendemain, c’est le grand jour : nous traversons la frontière argentino-chilienne. Et quelle frontière !
Pour l’atteindre, il nous faut prendre un bateau puis grimper pendant 6 kilomètres à travers un sentier trop étroit pour les vélos. Il nous faut pousser, glisser, défaire les sacoches, porter les vélos, refaire les sacoches, et ainsi de suite. Chaque passage de rivière est une aventure, chaque nouvelle montée réchauffe nos pieds congelés.
Cette belle étape, nous la faisons sous la neige ! Ca y est, l’ambiance de Noël est là. Nos vélos enguirlandés sont heureux de dire bonjour à la neige, alors que nos chaussures peu imperméables le sont moins…
Pour l’atteindre, il nous faut prendre un bateau puis grimper pendant 6 kilomètres à travers un sentier trop étroit pour les vélos. Il nous faut pousser, glisser, défaire les sacoches, porter les vélos, refaire les sacoches, et ainsi de suite. Chaque passage de rivière est une aventure, chaque nouvelle montée réchauffe nos pieds congelés.
Cette belle étape, nous la faisons sous la neige ! Ca y est, l’ambiance de Noël est là. Nos vélos enguirlandés sont heureux de dire bonjour à la neige, alors que nos chaussures peu imperméables le sont moins…
Et c’est ici, au milieu de nulle part, à quelques mètres de la frontière, que nous tombons nez-à-nez avec des légendes du cyclotourisme : Michel et Dominique. Nous avions fait la connaissance de ces deux aventuriers de manière indirecte à Montevideo. Ils nous avaient précédé chez nos hôtes uruguayens, et avaient fait forte impression puisqu’on nous avait abondamment parlé de leur voyage. Voilà trois ans qu’ils sont partis de leur ville de Toulouse et ils ont déjà parcouru l’Asie et l’Afrique ! Pour en savoir plus, n’hésitez pas à faire un tour sur le site : http://www.terresenroueslibres.com/
Puis, 15 kilomètres de descente glissante plus tard, nous arrivons au port depuis lequel nous prendrons un deuxième bateau qui nous emmenera à Villa O’Higgins, le début (théoriquement la fin) de la Carretera Austral. Enfin…’port’ le mot est bien présomptueux : on parlerait plutôt d’un énorme lac avec un embarcadère en bois. Autour : rien, ni personne ! Seuls résistent un poste de police où quelques carabineros sont en poste pour 40 jours et un fermier qui loue son champ aux campeurs qui veulent tenter la traversée.
Nous sommes frigorifés, et nous sommes aux anges de trouver un refuge libre aux pieds du lac !!! C’est gratuit, c’est sec, et il y a un même un petit poêle pour réchauffer nos vieux os. C’est le paradis. Le Chili nous accueille à bras ouverts, quel plaisir !
Nous sommes frigorifés, et nous sommes aux anges de trouver un refuge libre aux pieds du lac !!! C’est gratuit, c’est sec, et il y a un même un petit poêle pour réchauffer nos vieux os. C’est le paradis. Le Chili nous accueille à bras ouverts, quel plaisir !
Nous prenons un jour de pause à Villa O’Higgins, charmant village entourés de montagnes. Le 21 décembre, une petite fête de la musique est organisée devant les églises en bois. C’est le jour le plus long de l’année, nous sommes enfin en été ! En route ! Ce n’est pas l’été indien qui nous accueille pourtant sur ces premiers kilomètres de Carretera Austral. Il pleut beaucoup, et nous ne quittons plus nos manches longues. Le premier jour, c’est déjà le déluge et nous sommes heureux de trouver sur notre chemin un refuge où nous tentons tant bien que mal de faire sécher nos vêtements au coin du feu.
La Carretera austral est toute bosselée ! Et pour cause, elle est très récente. Sa construction a été amorcée en 1975 sous Pinochet, dans un contexte de conflit latent avec l’Argentine et avec pour objectif de ‘connecter’ cette région au reste du Chili par la route (jusqu’alors accessible uniquement par la route argentine). La dernière portion a été terminée en 2001 ! Bref, ça glisse pas mal, nous roulons souvent sur notre détestée piste en ‘tôle ondulée’, et chacun y va de sa visserie perdue sur la route.
Malgré les vibrations incessantes et l’humidité ambiante, la route est belle !
Malgré les vibrations incessantes et l’humidité ambiante, la route est belle !
Pour Noël, nous décidons de faire un petit détour par Tortel : un village sur pilotis, dont l’accessibilité par la route ne date que de 2004 ! Ici, le repas de réveillon, c’est le mouton ! Et tout le monde rentre chez lui le repas en laisse ; les peaux sèchent déjà devant quelques pavillons.
Pour nous, ça sera poulet ! Nous décidons d’y mettre la forme, et louons un petit chalet. C’est un petit cocon de chaleur bien agréable en ce jour de fête. Le poulet à la bière, les pommes noisettes, et les crêpes au caramel au beurre salé nous sèchent…nous allons tous nous coucher le ventre plein à craquer : mission accomplie. En plus, nous avons joué le jeu des cadeaux : chacun a tiré au sort l’un d’entre nous, et le père noël ne nous a pas oubliés. Cigare pour Adrien, chocolats pour Goulven, Crocs pour Pierre, et casquette pour Romain : nous sommes gâtés !!
Deux jours plus tard, avec l’aide d’une longue éclaircie, nous voici à Cochrane, première véritable ville depuis la frontière, première fois où il est possible de retirer de l’argent, et première fois où nous sommes en capacité de partager avec vous toutes ces belles nouvelles. Il s’est remis à pleuvoir, mais nous avons bon espoir que la chance tourne !
Joyeuses fêtes, et bon appétit (le manque de fromage commence à se faire sentir par ici) !
Et, rien que pour vous, en cadeau de Noël, un petit pot pourri de nos plus beaux atours, l’élégance à la française :
Joyeuses fêtes, et bon appétit (le manque de fromage commence à se faire sentir par ici) !
Et, rien que pour vous, en cadeau de Noël, un petit pot pourri de nos plus beaux atours, l’élégance à la française :
Et pour ceux qui en redemenderaient, encore plus de photos sur la galerie !